Les figures de la violence à l'école - François Dubet

« L'école expose les individus à des épreuves qui mettent en jeu leur valeur. Ceci n'est pas nouveau dans la mesure ou toute école hiérarchise, sélectionne, range... Mais le propre d'une école démocratique de masse, c'est qu'elle affirme l'égalité de tous en tant que personne, et qu'elle instaure une compétition continue entre ces personnes. Celui qui échoue doit gérer la tension entre ces deux ordres de principes, et surtout il ne dispose plus des dispositifs de consolation et de rationalisation, de justification et de critique, que pouvait offrir une école structurellement inégalitaire. Pour le dire cruellement, une école démocratique de masse fait en sorte que les élèves ne s'en prennent qu'à eux-mêmes quand ils échouent. »

Dubet, François. Les figures de la violence à l'école. In: Revue française de pédagogie. Volume 123, 1998. pp. 35-45 

Formulations synthétiques - Pierre Lucier

« S'agissant des rapports entre religion et culture, tout se passe comme si, après avoir opéré sa ''sortie de la religion'', la culture devait reprendre à neuf la gestion d'un religieux qui a migré dans les sphères des convictions intimes des individus et des communautés et dans la dynamique des appartenances et des identités. »

Lucier, Pierre. 2011. Formulations synthétiques du cours REL-3202-40. Université du Québec à Montréal

Le malaise de la modernité - Charles Taylor

« Une population fragmentée, divisée dans ses inquiétudes, reste en effet à la merci de ce qui semble nous pousser, par un destin inéluctable, vers la domination de la raison instrumentale. »

Taylor, Charles. 1991. Le malaise de la modernité. Éditions du Cerf. Paris

Bioéthique et culture démocratique - Yvette Lajeunesse et Lukas Sosoe

« Si la modernité n'est pas en mesure de fournir une fondation à l'éthique, c'est bien parce qu'elle a contribué à la disparition des traditions et a réussi une remarquable invention : l'individu. »

Lajeunesse, Yvette et Sosoe, Lukas. 1996. Bioéthique et culture démocratique. L'harmattan. Montréal.

L'ère du vide - Gilles Lipovetsky

« C'est en effet l'action conjuguée de l'État moderne et du marché qui a permis la grande fracture qui désormais nous sépare à jamais des sociétés traditionnelles, l'apparition d'un type de société dans laquelle l'homme individuel se prend pour fin ultime et n'existe que pour lui-même. »

Lipotvesky, Gilles. 1983. L'ère du vide : essais sur l'individualisme contemporain. Gallimard. Paris.

La montée de l'insignifiance - Cornélius Castoriadis

« Tous nos actes trouvent leur condition de possibilité effective, tant quant à leur matérialité que quant à leur signification, dans le fait que nous sommes des êtres sociaux vivant dans un monde social qui est ce qu'il est parce qu'il est institué ainsi et pas autrement. Nous ne sommes pas des ''individus'' flottant librement au-dessus de la société et de l'histoire et qui pourrions décider souverainement dans l'absolu de ce que nous ferons, de comment nous le ferons, du sens qu'il aura une fois fait. »

Castoriadis, Cornélius. 1996. La montée de l'insignifiance. Éditions du Seuil. Paris.

L'ère du vide - Gilles Lipovetsky

« Considérez en effet cette immense vague de désinvestissement par laquelle toutes les institutions, toutes les grandes valeurs et finalités ayant organisé les époques antérieures se trouvent peu à peu vidées de leur substance, qu'est-ce que sinon une désertion de masse transformant le corps social en corps exsangue, en organisme désaffecté? »

Lipotvesky, Gilles. 1983. L'ère du vide : essais sur l'individualisme contemporain. Gallimard. Paris.